Le temps perdu (dans une bouche d'égoût genevoise)

Lundi... 3h du mat. Dans quelques heures, mon cul sur la chaise du séminaire de villes et aménagement. J'AI PAS ENVIE. Pas envie de dormir à moitié sur les présentations de mes potes géographes. Pas envie de relier les salles de cours à la bibliothèque comme un bus navette helvétiquement réglé.
Une petite odeur de révolte sous le nez. Juste le besoin de tout plaquer, juste demain ou tout le reste de l'année. J'veux être avec ma belle, qu'on me laisse le temps de lui raconter comment c'est d'aimer dans ma tête à moi. J'ai jamais le droit de m'attarder dans ses bras, jamais le temps de prendre un café amoureux entre deux cours, juste un jus de chaussette où noyer mes envies jounalières. J'veux qu'on fasse les PIMP en boîte et devant notre playstation. J'veux catcher comme certains samedis matins qui se font trop rares ces temps. J'veux la surprendre dans le bain en train de faire chavirer mon coeur sur une barque imaginaire. J'veux qu'on sorte manger des sushis, si fameux à nos estomacs, m'arrêter sur le pont de la machine et l'etendre me parler de Genève et de sa beauté. J'veux entendre les gens nous dire à quel point on est beau et comment c'est incroyable de vivre ensemble "comme ça"... pour ensuite leur expliquer de manière détournée mille et une modestes raisons qui prouvent que c'est facile et accessoirement qu'un beau c** dans son lit c'est pas donné à tout le monde.

J'ai le mal de chair, à ne penser qu'à bosser. Je n'en veux plus de ces feuilles qui s'accumulent dans mes classeurs. Moi qui croyais que l'automne était fini. Je n'en peu plus et ces bruits derrière moi, symphonie de mon malheur, entre photocopieuse et crash de démarrage Windows, j'en ai ma claque. Laissez-moi 2 minutes. Respirer. Vos mines grisâtres me laissent imaginer la fréquence de vos bouffées d'excès.
Tirer ma clope sans tabac, sans fumée et à la fraise si possible. Me faire un ligne de poudre au citron. Allez aux putes chez les Bisounours. Laissez-moi rêver! A ces belles couleurs que vous oubliez. Ce magnifique gris embitumé, cet orange d'ailleurs, qui tache vos écharpes, ces couleurs qui hantent mes yeux et que je classe dans ma tête sur la base d'aperçus pressées, valeurs visuelles dont les égards se comptent sur les doigts d'une main de tortue ninja. 2 minutes, c'est tout ce que je veux. 2 longues minutes au compte-goutte et vous à côté qui vous impatientez...
L'une pour m'évader et la seconde pour vous faire chier.
Prendre la main de ma belle, partir exposer notre image parfaite ailleurs. Parce que personne ne mérite une si belle vue sans raison. Surtout pas l'uni que me fait payer de mon précieux temps tous les apports de connaissance d'un géographe de grande classe.

Si j'avais su que la classe comptait ses revenus en unités temporelles, j'aurais probablement attendu un (certain) âge où le temps semble trop long et ennuyeux, avant d'ouvrir le dossier "je veux montrer mon cul dans des congrès, des ONG et dans un bureau au 187ème étage d'un building métropolitain." :-)