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Veni, Vidi, "Scribi"
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16 mars 2008

Arrabbiata Bologna

DSC_0047De retour de Bologne dans la foulée, trop fatiguée pour penser à autre chose que dormir. Dormir vite et longtemps. Dormir et ne plus stimuler ses méninges. Aux autres les promenades de santé, la mienne fut bien courte. Il s'agissait pour nous autres géographes, de travailler cette ville, de prémâcher le labeur d'un semestre. Il y avait bien les soirées gaies dans les bons restos, bars et boîtes, entre profs, élèves et assistants, qui, le temps d'une soirée, devenaient "potes" et se tutoyaient volontiers. Je n'oublierai jamais les mots des uns décrivant les déboires du département et ceux des autres comptant les anectotes examinatoires de quelques étudiants maladroits. Nous avons ri en pensant aux courtes heures qu'ils nous restaient à veiller avant le levé du soleil, signalant le début de nos longues journées de terrain. Jour après jour, les cernes se sont marquées sur les fasciès du corps professoral et estudiantin, comme une évidence. La dure réalité des jours qui passent et de ce besoin croissant de bonheur, qui lui, nous dépasse.

En passant le tunnel du Mont-Blanc, sur le chemin du retour, je me suis tout de même demandée ce que j'avais fait de plus fou dans ma vie. Rien à voir avec ma semaine italienne me direz-vous, mais non, au contraire, tous les fondements de cette question ont  reposé sur ce voyage.

Il y avait bien mes 20 compagnons géographes sur le même trottoir, dans les mêmes restos bolognais, dans le même hôtel que moi. Oui, il y avait ceux-là que j'ai observé attentivement, parfois dubitativement, mais cela, c'est une autre histoire...  Je suis comme eux, j'ai marché la ville, je l'ai pensée, je l'ai découverte, pour tous finalement finir par la connaître, un peu tout du moins. Soir après soir, on a su se repérer dans la nuit, reconnaître les rues teintées de gris et d'ocre rougeâtre aux arcades infinies. Et puis il y a ces choses folles que certains ont faites, sur un coup de tête ou sur le coup de trop. Non, je ne bois pas d'alcool, je n'aime pas manquer de sommeil et je ne parle pas pour rien dire, mais je les ai rejoint en suivant leurs éclats de rire, leurs regards vitreux et leur haleine vodkalisée. J'ai noyé ma sobriété dans cette foule d'âmes joyeuses. Oui, on peut s'amuser avec les fous. On peut même en devenir un sans la précieuse liqueur qui nous facilite la tâche.

J'ai trouvé dans chaque corps cette folie dont je croyais l'Homme épargné après 20 ans. Les mots de trop, les douteuses relations élèves-assistants, l'urine en public, les vomis dégoulinants entre les pavés, les confidences de ceux dont on connaît à peine le prénom, etc.

Et parmi toutes ces folies qu'on s'efforce d'oublier, où sont les miennes? En réfléchissant, à Bologne, il n'y en a pas. Non pas que cela me gêne, bien au contraire! Je respecte la façon de chacun de faire la fête et d'exprimer sa joie... mais si je réfléchis à l'échelle d'une vie, où se cachent mes écarts? J'ai bien mangé, ce soir, mes haricots dans leur eau trouble, alors que je possède une passoire, mais à part ça? Je ne vomis pas contre les voitures, je ne pisse pas dans les casques qui pendent au guidon des scooters, je ne cours pas dans la rue en criant "je veux ouvrir une chatteriiiie!". Non, rien de tout ça. Je ne bois ni bière, ni autre alcool. Je ne fume rien de spécial, même pas du tabac. Je sors toujours aux mêmes endroits, à l'Usine, en 360, quelques fois à Artamis, jamais ailleurs. Je suis réglée comme une horloge lorsqu'il s'agit de prendre le tram ou d'arriver à l'heure en cours. Je ne mange pas de sucrerie, je ne grignote jamais, je ne trompe pas ma copine, j'essaye d'entrenir mon appart tant bien que mal et mon seul souci au début du mois est de compléter mon petit carnet jaune afin de payer mes factures au plus vite. Je ne montre pas mes seins à des inconnus. J'achète bien des jeux de Play, mais uniquement si j'ai de l'argent. Je n'aime pas manger chinois, parce que c'est du faux. Je refuse d'entrer dans les endroits enfumés, parce que ça pue (vivement le 1 juillet!). Je refuse d'avoir une voiture, car c'est envenimer les choses et se montrer trop égoïste. Je rentre régulièrement voir mes parents. J'achète des cadeaux à ma copine, sans raison particulière, juste parce que je suis contente de l'aimer.

Au fond, mes seules folies se résument au syndrôme du voyage compulsif (voyager loin, sans raison apparente et peu importe le prix du billet d'avion), à regarder quelques pornos par mois depuis mes 16 ans et à pratiquer avec ma copine des danses bizarres sur de l'électro.

J'ai sûrement oublié quelque chose, c'est même certain! Terne, c'est le mot qui vous vient à l'esprit peut-être... Navrée de vous apprendre malheureusement que vos malheurs de font pas les miens. Un verre vide n'est jamais rien d'autre qu'un verre vide pour moi. Baiser à trois, c'est super... mais seulement si on en éprouve l'envie. Manger du foie gras, c'est jouissif pour certains, écoeurant pour moi. Fumer un splif dans sa chambre, c'est la folie de ceux qui veulent bien faire de la fumée un rêve. Je crois finalement que toute folie est relative, car je découvre les miennes en pratiquant l'écriture de ce post. Tout est une question de contexte, de personne et de moeurs. Manger du hérisson à Maurice est juste un repas de plus, en Suisse, cela passerait pour une folie cruelle.

Je crois que je suis arrivée au bout du tunnel (du Mont-Blanc évidemment!) avec la réponse à ma question, mais je reste bien sûre ouverte aux suggestions et commentaires minables que vous pourriez faire sur la folie, qu'elle soit vôtre ou mienne.

*Yves Larock - Rise Up* (J'adore cette chanson... elle me fait penser au CR!!! :-) Vivement le mois de juin!)

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Ma découverte italienne: Laura Chiatti
 

 

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